Élections fédérales 2021

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Le fédéral peut agir pour faire de Montréal une ville où il fait bon vivre

On entend souvent dire que le gouvernement fédéral est le palier de gouvernement le plus éloigné des gens. Pourtant, le fédéral peut en faire beaucoup afin que nos villes soient plus résilientes et inclusives.

La crise sanitaire a révélé les inégalités sociales dans nos villes et les a exacerbées. Se loger, se nourrir, avoir des revenus suffisants pour participer à la vie en société, demeurer dans un milieu de vie sain : ce sont des besoins de base et chaque personne devrait y avoir droit. Le gouvernement fédéral peut poser plusieurs gestes pour agir en ce sens.

Un toit pour tout le monde

En matière d’habitation, les écarts se creusent et Montréal devient de plus en plus inaccessible. C’est le cas pour ceux et celles qui veulent devenir propriétaires, un réel problème qui ne sera pas résolu uniquement en taxant les acheteurs étrangers. Mais pour nous, le plus urgent, si nous ne voulons pas répliquer le modèle nord-américain de villes réservées aux seuls riches, demeure le manque cruel de logements sociaux.

Le retrait du fédéral du financement du logement social, il y aura bientôt 30 ans, a été un énorme frein au développement de nouvelles unités et explique le manque de logements accessibles financièrement. Il s’agit pourtant de la solution la plus durable pour obtenir une mixité sociale en ville et développer des milieux de vie pérennes et solidaires, une lacune observée durant la pandémie. [1] Il faut que les partis arrêtent de ne parler que de « logements abordables », un concept assez élastique qui ne garantit pas du tout l’accessibilité, et qu’ils s’engagent plutôt en faveur d’un redéveloppement majeur de logements sociaux.


Avoir des revenus suffisants pour les besoins de base

Pour aider les gens à payer leur loyer durant la crise sanitaire [2], le gouvernement fédéral a notamment étendu ses programmes de soutien à une frange beaucoup plus large de la population : PCU, PCRE, PCE, subventions salariales, etc. Une des leçons de la pandémie, c’est que pour atténuer les inégalités sociales, il faut repenser les programmes de soutien dont l’assurance-emploi (en termes d’allocations versées, de durée de la couverture et de catégories de travailleur.euses couvert.es comme celles qui sont autonomes). Collectivement, cela n’est pas un luxe à moins que les partis souhaitent accentuer davantage la pauvreté et les inégalités sociales en demeurant passifs jusqu’à ce que la prochaine crise éclate.

Ayant déjà de la difficulté à payer leur loyer, les Montréalais.es affichent le taux d’insécurité alimentaire le plus élevé au Canada : 13,6% avant la pandémie, un taux qui a grimpé à 22% pendant la pandémie. [3] Le Réseau pour une alimentation durable a demandé la position des partis sur les enjeux alimentaires. Notons entre autres que le Parti Libéral, le NPD et le parti Vert se sont dits d’accord avec l’implantation d’un programme national d’alimentation scolaire, un premier pas vers un programme universel qui s’attaquerait à un des aspects les plus honteux de l’insécurité alimentaire : les enfants qui vont à l’école le ventre vide.

Des milieux de vie sains

Au-delà des besoins de base, il y a également beaucoup à faire pour doter les communautés de milieux de vie sécuritaires, sains et solidaires.

Montréal connaît une période assez agitée en matière de fusillades. Il est impératif, pour tous les quartiers de Montréal mais aussi pour toutes les villes, que cesse cette circulation trop facile des armes à feu et qu’on abolisse les armes d’assaut et les armes de poing. Sérieusement, qui a besoin de ça pour vivre sa vie? La question de la violence urbaine est complexe et ne se règlera pas en claquant des doigts. Mais une chose est sûre, c’est que les organismes communautaires ont devront avoir un soutien à la hauteur des besoins.

Pour avoir des milieux de vie de sains et une ville inclusive, il faut que les quartiers moins favorisés ne croulent pas sous la canicule et autres impacts des changements climatiques. Il faut également développer des quartiers complets, qui sont d’abord pensés en fonction des besoins des résident.es plutôt que des intérêts des promoteurs immobiliers. Sur ces deux enjeux, le gouvernement fédéral est un acteur majeur puisqu’il est en position d’assumer un véritable leadership en matière de changement climatique et qu’il est propriétaire à Montréal de terrains qui sont très convoités. Jusqu’à maintenant, la campagne n’a pas été rassurante à propos de ces deux enjeux. Enfin, le gouvernement fédéral a développé des programmes de soutien des collectivités, notamment pendant la pandémie. C’est maintenant le temps d’en faire le bilan et de s’asseoir avec les acteurs en développement des communautés à Montréal, dont les Tables de quartier qui ont été au cœur du travail solidaire durant la crise sanitaire, afin de réfléchir à un soutien adapté à la sortie de crise. Il faut travailler ensemble.

Oui, le gouvernement fédéral peut jouer un rôle moteur pour faire de Montréal une ville résiliente et inclusive. Toutes ces questions seront abordées dans les assemblées publiques organisées par les Tables de quartier avec les candidats et candidates sur l’île de Montréal.

Yves Bellavance, Coalition montréalaise des Tables de quartier



[1] « Investir dans le logement social et communautaire est une stratégie permettant de répondre de manière durable à plusieurs problématiques d’habitation. » Institut national de santé publique du Québec Logement et inégalités sociales de santé en temps de COVID-19 : des stratégies pour des logements abordables et de qualité, 2021.

[2] Plus de 200 000 ménages montréalais consacrent au moins 30% de leur revenu pour se loger.

[3]  Montréal. Il y a urgence d’agir face à l’insécurité alimentaire, Conseil du système alimentaire montréalais, La Presse, 20 décembre 2020.