Ne laisser personne de côté.

Ne laisser personne de côté.

Par Yves Bellavance, coordonnateur, Coalition montréalaise des Tables de quartier.

Illustration : Benoît Tardif / Source : Actualités UQAM

Récemment, notre premier ministre a affirmé sur Twitter que la culture de la solidarité des Québécois·es est un leg de l’Église catholique. Cette affirmation en a étonné plusieurs et a suscité de nombreuses réactions.

L’origine du sens de la solidarité des Québécois·es est assurément plus complexe. Comme plusieurs l’ont judicieusement souligné, ce sens de la solidarité s’est plutôt construit à la suite de luttes sociales, grâce aux interventions de nombreux organismes communautaires et à la volonté de politicien·nes progressistes qui ont adopté des mesures sociales.

La pierre d’assise de cette solidarité est certes cette volonté de ne laisser personne de côté en se donnant collectivement tous les moyens possibles pour assurer une meilleure vie à tous et à toutes. 

La déclaration du premier ministre nous indique qu’il est fier de cette caractéristique de la société québécoise. Cela me ravi, mais m’étonne tout autant, puisque le dernier budget adopté deux semaines auparavant par son gouvernement a pris une orientation plus individuelle que collective avec ses baisses d’impôt de 1,7 milliard par année. Les 2 millions de Québécois·es qui ne paient pas d’impôt n’y auront pas droit et continueront à se débattre avec l’inflation et la crise du logement.

Je crois fermement que ces sommes auraient été mieux utilisées en déployant des politiques sociales structurantes. On le sait, ce budget a été très décevant en termes de financement du logement social, une solution pérenne pour offrir des milieux de vie de qualité à la population. Aucune mesure n’a été annoncée pour accueillir dignement les personnes demandeuses d’asile et les réfugié·es. Aucun fonds supplémentaires pour aider les organismes qui les accompagnent, que ce soit leur mission de base ou non.

Une véritable solidarité

Qu’est-ce que ça prend pour que toutes et tous puissent vivre décemment? Un toit, de quoi manger, de quoi se transporter, un revenu décent pour combler les besoins de base et accéder à des loisirs et à la culture. Les crises pandémique, inflationniste, du logement et de l’accueil des migrant·es creusent encore plus les inégalités sociales et accentuent la pauvreté. Je suis profondément convaincu qu’une majorité de Québécois·es fait la même lecture que moi. Et que pour cette majorité, l’accueil, le respect et l’intégration des personnes demandeuses d’asile sont des valeurs partagées.

En ce sens, je suis d’accord avec le premier ministre : la société québécoise est solidaire. Il faut maintenant le démontrer en passant à l’action. Nous sommes plusieurs à trouver que l’ambiance est lourde, à être déprimé devant l’absence de mesures structurantes sur toute cette question de la pauvreté, dont le logement social.

Il faut se donner les moyens de créer des milieux de vie pérennes, inclusifs, accueillant où on ne laisse personne de côté. Voilà le vrai sens de cette solidarité. Et c’est là-dessus que travaillent les 32 Tables de quartier de Montréal.

La CMTQ fera part de ses recommandations en déposant un mémoire dans le cadre de la consultation publique pour le plan d’action gouvernemental en matière de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale.