Réservons des terrains pour du logement social

Réservons des terrains pour du logement social

Lettre ouverte signée Nathalie Fortin dans le Blogue Opinions du Journal de Montréal, 16 juin 2014

Réserve de terrains pour du logement social et des projets collectifs

Soutenir de véritables milieux de vie dans nos quartiers

Les Tables de quartier de Montréal unissent leur voix aux comités logement et autres acteurs locaux qui se mobilisent pour demander à la Ville de Montréal de procéder à des réserves de terrains et de bâtiments afin de permettre la réalisation de nouveaux logements sociaux et de projets communautaires et collectifs.

Nous le constatons quotidiennement, la situation du logement est critique dans de nombreux quartiers de Montréal, où près de 200 000 ménages locataires consacrent plus de 30 % de leur revenu pour les dépenses relatives au logement. Se loger est de plus en plus difficile dans un contexte de raréfaction de logements locatifs privés et de hausse vertigineuse des loyers. Le marché immobilier est quasi exclusivement axé sur la construction de condos, trop petits pour les familles et trop chers pour la majorité des Montréalais locataires.

La construction de nouveaux logements sociaux et communautaires est donc essentielle afin de garantir le droit au logement pour tous. Pourtant, il s’en construit bien peu en regard des besoins. Cela est en grande partie dû au nombre d’unités insuffisant accordé à Montréal par le gouvernement du Québec. Mais un autre obstacle majeur est la difficulté à trouver des terrains abordables pour réaliser des coopératives ou des OBNL d’habitation. Le prix des terrains à Montréal a explosé ces dernières années sous les effets de la spéculation immobilière.

La situation est la même pour les espaces dédiés aux projets collectifs dans les quartiers. En raison du prix élevé au pied carré, implanter un CPE, une école ou un centre communautaire devient très difficile. À l’heure où de nombreux groupes communautaires sont menacés de perdre leurs locaux à cause des reprises de bâtiments par la CSDM, il est d’autant plus urgent de trouver des solutions pour garantir des locaux accessibles.

Apprendre des erreurs et innover

Griffintown a été le triste exemple d’un développement immobilier au profit de promoteurs de condominiums, sans planification en amont ni réserve des terrains pour s’assurer de développer un milieu de vie complet incluant un nombre suffisant de logements sociaux, de services de proximité, d’équipements collectifs, de parcs, une école, etc.

La Ville ne peut se contenter de la stratégie volontaire d’inclusion de logements communautaires dans les grands projets de condos. Non seulement celle-ci n’est pas assez contraignante, mais, de plus, elle fait dépendre le logement social de la construction de mégaprojets qui vont trop souvent à l’encontre de la vision portée par les acteurs locaux pour l’avenir de leur quartier. Une incohérence en termes d’aménagement urbain.

Pour relever le défi de quartiers dynamiques et inclusifs à Montréal, la Ville doit se donner des moyens concrets d’agir. Montréal a urgemment besoin d’une stratégie aux multiples facettes incluant la protection de terrains de la spéculation foncière et l’achat de terrains et bâtiments afin de les céder pour la réalisation de logements sociaux ou d’autres projets collectifs à but non lucratif.

De cette façon, Montréal assumera sa responsabilité de soutenir le maintien dans leurs quartiers des familles, des personnes seules, des personnes aînées et ce, quels que soient leurs revenus.